La Country vaut plus d'un penny
Cet article résiste aux multiples galéjades et trublionneries dont ce style de musique est trop souvent victime. Il est important de se rappeler que nombre d’artistes que nous vénérons aujourd’hui se sont imprégnés de ce genre musical à l’univers si particulier : Bob Dylan, Ben Harper, Neil Young et Jean Passe... Rien ne vaut une approche télé-réelle pour vous planter le décor.
Il est 17h, ce samedi 15 juillet 2006.
Shteve, Pete et Gerhardt McDermott, trois véritables Rednecks en vadrouille dans le 32 (Gers) enfilent leur casquette du dimanche pour arpenter la terre du plus prestigieux festival de musique transatlantéenne du département, voire même de la Navarre toute entière.
Ondulant de leurs jambes exagérément arquées, les trois compères font tâche dans l’atmosphère pieuse qui domine ce lopin de terre, trouvant dans leur gobage (kikoo Dableuf) de bière une excuse à leurs bruyants sarcasmes.
Jamais ils n’auraient imaginé leurs compatriotes capables d’un tel respect, d’une telle dévotion au Rêve Américain aussi élégamment mis en musique. Car il s’agit bien d’un rêve que vivent ces milliers (?) de visiteurs qui foulent la paille du Festival de Country Music de Mirande 2006.
Même dans ces contrées les plus reculées, voire hyper mal desservies par la SNCF, personne n’a oublié qu’après avoir fêté notre Nation, il est important de fêter aussi la culture de ceux qui nous protègent de l’horreur foiegrasso-religieuse qui nous menace chaque jour que Dieu fait.
Entre les stands de souvenirs, arcs, stetsons, et vestes en pagaille qui garnissent la principale rue marchande de la ville, deux qui-sont-pas-vraiment-indiens s’essaient à la flûte de Pan accompagnés d’enregistrements synthétiques du plus mauvais effet.
Leur heure d’arrivée étant tardive, les trois pieds-tendres ne purent assister au lâcher de montgolfières et au défilé de bikers... De rares moments envolés à jamais. Ils ronchonnent bruyamment, annonçant une soirée sous les plus bas auspices.
C’est la seule semaine de l'année où adultes et enfants peuvent jouer aux cow-boys sans peur du ridicule.
Cette semaine de festival est la seule de l’année où adultes et enfants peuvent revêtir leurs costumes, fleurant bon la poussière des grands espaces de housses plastiques fabriquées en Chine.
Le temps d’une Line Dance enflammée, chacun peut fouetter librement le plancher de ses santiags amoureusement brossées et crottées, sans qu’on les assomme d’insultes ou de «sales adorateurs d’enculeurs d’irakiens en slip».
A la vue des têtes d’affiche du jour, Shteve, Pete et Gerhardt n’eurent qu’à s’incliner devant la noblesse de ces artistes français rigoureusement sélectionnés pour assurer la première partie du spectacle : The Shoepolishers (Celtic Rock), Country on the rock (Country Rock), Armadillo (Country Rock). Comme aux Stètss, un orage menace la suite des réjouissances. Mais il n'en fut rien. Une demi-heure suffira avant que les artistes ne rebranchent leurs grattes.
Après ces quelques amuse-bouches sonores, que le public applaudit aussi mollement qu’ils l’auraient fait pour un soufflé raté, il commence peu à peu à sortir de sa torpeur estivale et se lève pour acclamer la véritable star du jour : le parrain 2006, j’ai nommé... Judson Mills §§§
(vous ne rêvez pas, il s’agit bien du ranger Gage dans la série Walker Tegzasse Ranger).
Judson Mills est THE STAR, et il le sait.
Celui-ci, excité comme un poney gavé de piment, gambade frénétiquement sur la scène, balayant l’espace d’une énergie communicative.
Les gentilles chorégraphies des Pom-Pom Girls ne font d’ailleurs pas oublier la fantastique prestation de l’acteur. Généreux comme pas deux le Judson, il offre un sourire BeGibb’s et un pouce levé à quiconque les réclament.
Il essaye juste d'être à la hauteur de ses illustres prédécesseurs.
Le léchage des verres plastique de leur troisième bière (payées en dollars mirandais = 1 euro) n’empêche ni Shteve, ni Pete et encore moins Gerhardt de rejoindre leur tablée. Ils ont réservé leurs places la veille afin de se remplir la panse, suffisamment bien placés pour glisser l’œil en coin et admirer les prestations des groupes phares de la soirée.
Après avoir partagé quelques aimables propos-coups-de-coude-clins-d’oeil avec leurs voisins de table, ils élisent enfin leur menu. De préférence le plus exotique possible : terrine de foie gras aux figues, Pavé de bœuf grillé aux aromates et poire Belle-Hélène.
Shteve, de retour de sa vidange horaire, profita d’une absence du service de sécurité pour approcher Judson.
Charmé par les quelques rudiments d’anglais que le nuque-rouge lui adresse, l’acteur lui dédicace aussi sec son propre menu, s’appliquant à mal écrire chacune des lettres de son nom.
Un sourire narquois au coin des lèvres, Shteve rejoignit ses camarades. Gerhardt eut l’honneur de se voir offrir ce Saint-Graal, ce qui le mit d’humeur charmante.
La suite des festivités auditives :
La canadienne Jodi Lyn Hawkshaw, qui ressemble à s'y méprendre à Evelyne Thomas, la Oprah Winfrey française (New Country) et "le grand frère américain" pour le final : Jesse Dayton (qui joue de la Tegzasse Country comme chacun sait). Une sacrée affiche quand même.
Les bières, vins et whisky ingurgités les mettent en état de transe connerienne.
Après avoir beuglé comme des ânes pendant le concert, avoir tenté de pénétrer la magie des coulisses du Festival et s’en être faits poliment jetés... Shteve, Pete et Gerhardt sortent avec le reste du troupeau.
Ils s’amusent comme des gosses, s’empoignent, se projetant mutuellement, disparaissant brutalement dans les fourrés, sous les rires des passants qui applaudissent la cascade.
Pete, autoproclamé capitaine de soirée tente de ramener ses congénères jusqu’à la demeure parentale. La baston se poursuivant à l’arrière du véhicule jusqu’à épuisement total des participants.
Un pet fumé plus tard, la soirée se termine dans un champ, à écouter du Magma, du Pink Floyd... et v’là que ça pense... et que ça ronfle en rythme.
Mais, après tout, ces péquenauds qu’est-ce qu’ils y connaissent à la vraie musique ?
Sources de l'article
http://www.country-musique.com/club.html
Me, Myself and I