Amelia Aurita - Fraise et chocolat
C’est pas non plus un livre pour enfants, malgré le titre qui sonne cornet de glace à la plage.
Car le registre choisi, c’est plutôt la métaphore du genre “champagne et caviar”, vous voyez ?
Bref, intriguée par ce que j’en avais entendu dire à la radio, me voilà partie à la Fnac dans l’intention de l’acheter. Une bonne BD érotique ça pouvait être sympa, depuis le temps qu’on en a marre des éternels Manara ressassés.
Arrivée au rayon, j’ouvre quand même le bousin avant de l’acheter, par acquis de conscience.
Non, il ne s’agit pas de ce chouette film chronique de l’homosexualité à Cuba, mais d’une BD récemment sortie au milieu du florilège d’albums que nous offre le “renouveau” de la BD francophone.
C’est pas non plus un livre pour enfants, malgré le titre qui sonne cornet de glace à la plage.
Car le registre choisi, c’est plutôt la métaphore du genre “champagne et caviar”, vous voyez ?
Bref, intriguée par ce que j’en avais entendu dire à la radio, me voilà partie à la Fnac dans l’intention de l’acheter. Une bonne BD érotique ça pouvait être sympa, depuis le temps qu’on en a marre des éternels Manara ressassés.
Arrivée au rayon, j’ouvre quand même le bousin avant de l’acheter, par acquis de conscience.
Et là, c’est le drame.
Passons sur les dessins, pour le coup vraiment enfantins, sommaires, et, pour répondre à de précédentes remarques sur l'album de Sfar, même pas expressifs, ce qui est tout de même le minimum syndical.
Amelia Aurita maîtrise deux-trois formes (le rond, l’oblong, le trait - ah, et le gribouillis aussi) et basta. Du coup, ce qui peut être efficace avec d'autres dessins érotiques (la beauté des formes, ou l'expressivité des visages par exemple) est complètement anihilé ici. Malgré la représentation plein cadre des positions et actes sexuels les plus variés, il ne s'en dégage absolument aucun pouvoir suggestif.
Nous reste donc l'histoire.
Une jeune femme qui entretient depuis quelques mois une correspondance amoureuse avec un français habitant au Japon part le retrouver à l’occasion d’un salon d’auteurs de BD. L'amant en question, on le connaît, c’est Frédéric Boilet, auteur de BD déjà installé et reconnu, japanophile averti, amateur et créateur de manga, et qui entre autres a commis les très chouettes Love Hotel et Tokyo est mon jardin.
Dès son arrivée, l'alchimie prend et c’est l’explosion passionnelle, les deux amoureux ne se quittent plus et baisent à bite abattue.
Et quoi d’autre ? Ben c’est tout.
Alors oui, la coquine montre sans fard tout de leurs ébats, des godes aux sodomies, orgasmes multiples et érections sans fin ; une vraie passion incandescente. C’est marrant à regarder, on reste un peu étonné de cet étalage de la plus totale impudeur, on peut éventuellement se reconnaître dans certains détails (les histoires sont toutes les mêmes), mais c’est vite chiant.
Devant l'absence complète d'enjeu et d’imagination, on n'éprouve aucune impatience à tourner la page pour découvrir la planche suivante. Tout n’est qu’une juxtaposition de petites saynètes mais qui hélas, à aucun moment ne dépassent le stade de l'anecdotique et de l'anodin. Du coup on se lasse vite de leurs ébats de jeunes amoureux, des petits détails qui les font se marrer, de la découverte de leurs corps respectifs, des confidences qu'ils se murmurent et de ses interrogations de midinette à elle, toutes choses n'ayant, il faut le dire, absolument aucun intérêt pour d'autres qu'eux.
Ca sonne creux et c'est dommage, car on se prend à réfléchir à ce que ça aurait pu donner en "vraie" littérature, si comme Pierre Louÿs Amelia Aurita avait été dotée d'un réel talent narratif.
L’éditeur, plein d'ambition, fait de l'auteure l'héritière de Reiser et Anaïs Nin à la fois. Pour la crudité des thèmes sans doute, mais quant au reste ... L’humour aurait pu sauver tout ça, mais pour ma part je n’y ai trouvé aucun prétexte aux éclats de rire que pouvait faire naître Reiser.
Le dessin est pauvre, l’argument l’est aussi, ça reste plat et sans aucun intérêt.
Au final, on se demande bien ce qu’elle a voulu faire ? Quoi qu’il en soit, ça n’a pas marché, et cette intimité-là aurait dû, en l'occurence, le rester. Et sous cette forme en tout cas, la "BD autobiographique" est un cuisant échec.
Bref, n’écoutez pas l’effervescence des media tout émoustillés ("oh une bédé érotique écrite par une fille !") et ne gaspillez pas votre argent là-dedans. C'est marrant à feuilleter à la Fnac si vous voulez savoir ce que font les autres dans leur lit, mais loin, très loin d'être indispensable à la maison.
Compléments de l'article
Une autre critique que je suis bien d’accord avec elle.
Le site de l’éditeur.