Terry Pratchett, ce héros.
On peut trouver étrange une tortue longue de quinze mille kilomètres et un éléphant haut de plus de trois mille, ce qui montre bien à quel point le cerveau humain est mal adapté pour la réflexion et devait à l'origine être prévu pour refroidir le sang. De simples dimensions le stupéfient.
Les dimensions n'ont rien de stupéfiant. Les tortues, elles, sont stupéfiantes, et les éléphants franchement étonnants. Mais l'existence d'une grosse tortue est bien moins stupéfiante que celle d'une tortue tout court.
Le prétexte de notre histoire mêle divers éléments. L'appétit de l'homme à braver les interdits uniquement parce qu'ils sont interdits. Le désir de découvrir de nouveaux horizons et de trucider les autochtones au-delà. Les manuscrits mystérieux. Le concombre.
Mais surtout la conscience qu'un jour qui ne saurait tarder, tout sera fini. Terry Pratchett. Je ne sais pas comment définir exactement ce qui rend ses livres uniques. Il y a, bien entendu, le fait que ce soit drôle. Bon, d'accord, très drôle. Mais pas seulement. Il y a aussi, par exemple, le côté attachant des personnages, ou la manière dont on retrouve, dans le monde qu'il a créé, le reflet déformé de celui dans lequel on vit. Mais l'humour joue beaucoup.
En fait, si vous aimez les Monty Pythons, Douglas Adams, Mel Brooks ou la Panthère Rose, vous aimerez les Annales du Disque-Monde (<- ici, j'introduit subtilement le titre de l'oeuvre). Si vous n'avez pas aimé les Monty Pythons, Douglas Adams, Mel Brooks ou la Panthère Rose, vous aimerez Terry Pratchett (mais je vous conseille de voir un psy).
Ça se passe sur un monde plat, donc. Avec des éléphants en dessous, et une tortue ; avec de la Magie, de l'Action, des Dragons, la Mort, et d'autres trucs. Avec Cohen le Barbare. Avec Rincevent, le Maje. Avec le Bibliothécaire (Ook ?). Avec des Dieux. Et, surtout, avec brio.
Les deux premiers tomes (La Huitième Couleur et le Huitième Sortilège) se suivent ; le reste, on peut le lire dans n'importe quel ordre, même si les lire dans l'ordre tout court reste préférable (de temps en temps, des références sont faites, et c'est toujours frustrant de ne pas les comprendre). Il y en a, à ce jour, plus de trente, sans oublier les ouvrages de Pratchett n'appartenant pas à ce cycle du Disque-Monde - mais n'allons pas trop vite.
Au fil des aventures, le ton change, l'humour devient plus subtil, plus mordant aussi. On ne suit pas toujours les mêmes personnages, ni les mêmes lieux ; de Rincevent à Carotte, en passant par Mémé Ciredutemps et les Moines de l'Histoire. Au final, on aura assisté à plusieurs sauvetages du monde, à sa destruction, mais aussi à sa création et au premier voyage spatial. On aura vu un homme remonter dans le temps, une huitième fille devenir mage, un jeune garçon devenir Faust. On aura vu un troll devenir un génie, un nain mourir, un bibliothécaire se transformer en sin anthropoïde. Depuis que je lis les Annales du Disque-Monde, je suis devenu beau, intelligent et tout vert.
Que dire encore ? Que Pratchett est à la fantasy ce qu'Asimov est à la SF ? Qu'il est plus drôle que Robocop, plus effrayant que Shrek, plus émouvant que Alien vs Predator ? Ou juste que si vous n'en lisez pas un, juste un, votre frigo va tomber en panne, votre antenne télé tomber sur votre voiture, et vos pancakes devenir tout durs ?
Ou juste que c'est tellement que les fans se comptent par millions, qu'il existe des jeux vidéo s'en inspirant, qu'il existe des dizaines de sites et de revues consacrées à son univers ? Bref, que c'est bien ?
Discworld est un jeu d'aventure graphique basé sur l'univers du Disque-monde sorti sur PC en 1995.
Compléments de l'article
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Disque-monde
Citations : http://www.lspace.org/books/pqf/
Me, Myself and I