J'adore le style (et le fond, évidemment). Merci.

J'adore les comparaisons à l'emporte-pièce : chez eux y'a des riches qui s'enrichissent et des pauvres qui s'appauvrissent, donc c'est tout pareil.....

Et puis genre, y'a jamais eu d'émeutes chez nous après que des idiots aient joué les merguez humaines dans un transfo....?

L'analyse de monsieur tout-le-monde dans son blog, ou le journalisme du XXIème siècle.

le nom du site ne me donne même pas envie d'aller voir de quoi ça parle, "comite-de-salut-public"
Appeler un blog comme ça, faut oser.

Ca ma rappelle quand je regardais les reportages sur les emeutes dans les banlieues sur CNN (ou n'importe quelle autre chaine americaine). On nous presentait un Paris a feu et a sang, pris d'assaut par de jeunes fanatiques islamises, une France qui sombrait dans le chaos,...

Ca me rappelle quand les media hexagonaux nous annoncaient la scission prochaine de la Belgique, le desir des Wallons de devenir Francais, la peur de l'implosion de l'Union europeenne a cause du conflit.

Non, les media n'exagerent jamais.

Pour y avoir été en 2006, ce qui fut pour moi l'occasion d'apprendre qu'il existait une contestation anarchiste estudiantine virulente depuis au moins mai 2005 (moment où un ministre menaçait de "privatiser" et moderniser l'éducation nationale), pour avoir vu des cocktails molotov éclater dans la rue, sur des bus bondés, pour avoir cru au rhume des foin quand je respirais les restes des gazs lacrymo de l'émeute qui venait de s'éteindre, je puis vous le dire:
la grèce est un beau pays, plein de gens charmants.

Car en grèce, tout cela est plus ou moins normal. Imaginez ce que diraient des étrangers entendant parler des émeutes contre le CPE, contre l'investiture de sarkozy, suite à la bavure policière qui grillait deux gosses des banlieues ? Bah c'est pareil, avec une raison historique en plus.

Il ne faut pas oublier que c'est la révolte étudiante de 1973 qui a libéré la grèce de la tyrannie. Le sentiment du devoir de faire de la politique à coups de pavés est présent dans le coeur de chaque grec. Même un riche en costar, stoppé aux abords de polytechnique, route bloquée par un car de la milice, m'a confié en allumant son cohiba: "You know what ACAB means ? All Cops Are Bastards".
Depuis cette révolte, qui fut marquée par le massacre d'étudiants de l'école politechnique (celle qui est aujourd'hui le centre névralgique de l'anarchisme grec, qui est, disons le, un anarchisme sympa, à base de barbecues, de fêtes en détournant l'électricité des bâtiments voisins, et par moments, une ou deux fois l'an, de casses et de lâchés de molotov à l'aveugle), aucune autorité armée, milice ou police, n'a le droit d'entrer dans les universités. Des punks avoisinant la trentaine s'y sont installés pour devenir les vrais agitateurs. Certes, mais eux aussi sont rock'n'roll.

Autant dire que la vision n'est absolument pas la même vue d'ici que de là bas. Franchement, pour la mort d'un gosse, je trouve qu'ils ne manifestent qu'une rage polie. Qu'on leur foute un peu la paix.


EDIT: souvenirs: juste après l'émeute de novembre 2006, émeute plus ou moins commémorative, je regardai la presse française depuis athènes. Un seul article sur la grèce ce jour là: il racontait que la prêtresse se revendiquant de la religion polythéiste de la grèce antique s'était réunie avec plus de 400 fidèles autour de l'acropole. C'est beau la presse.

Saezndaree a écrit :

Ca me rappelle quand les media hexagonaux nous annoncaient la scission prochaine de la Belgique

Ca honnêtement à un certain moment c'était plutôt plausible (en gros entre le canular de la RTBF et la démission de Leterme)