Se transformer en satellite pour les Nuls (Ed. Grozèphe)
Le principe étant de se faire tracter sur l’eau par une aile, les deux pieds sur une planche, ce sport est un délicieux mélange de surf, cerf-volant, wakeboard, parachute ascensionnel, windsurf ainsi que d’eau de mer dans la tronche des moins doués, ou de cocotier dans les vertèbres des plus malchanceux/inconscients/dyslexiques. Oui, tout ça ma bonne dame. Officiellement né en 1996, avec Laird Hamilton et Manu Bertin comme premiers ambassadeurs à Maui – Hawaï, le kitesurf est un sport jeune, encore relativement peu connu du grand public. C’est pourquoi je me propose, soubresaut d’inconséquence s’il en est, d’en délivrer les principes et rudiments à la bande de blancs-becs (ne niez pas, des photos traînent…), ornithophile et autres geeks linuxophages que vous êtes.
Le principe étant de se faire tracter sur l’eau par une aile, les deux pieds sur une planche, ce sport est un délicieux mélange de surf, cerf-volant, wakeboard, parachute ascensionnel, windsurf ainsi que d’eau de mer dans la tronche des moins doués, ou de cocotier dans les vertèbres des plus malchanceux/inconscients/dyslexiques. Oui, tout ça ma bonne dame.
Le matériel
Pour faire simple : une planche type wakeboard avec des straps (*pour les citadins : pédales) et un harnais (*ceinture), une aile (*moteur) avec ses lignes (*courroie de distribution) et une barre (*volant) :
Evidemment, ne pas négliger les petits plus qui te rendent service : lunettes de soleil pour éviter de se défoncer les rétines, chaussons pour écraser ces connards d’oursins, crème solaire… Au début, le port d’un casque et d’un gilet de protection/flottaison est très vivement conseillé. La coquille est vraiment facultative. Le maillot de bain l’est beaucoup moins, par contre, afin d'éviter tout syndrôme dit "de la couille et du fil à couper le beurre".
Pré requis
- Deux jambes avec des pieds au bout pour chausser les straps (°pour les gens eudlacampagne : cale-pieds).
- Deux bras avec des mains au bout pour tenir la barre (°guidon).
- Une tête (°ciboulot) pour regarder où tu vas.
- Un tronc (°buffet) pour donner au tout un semblant de cohérence.
On comprendra aisément que le Cambodge et le Vietnam fournissent assez peu de champions dans cette discipline.
Hum. Oui, bon...
Une bonne dose de sang froid (surtout en cas de rafale, pour utiliser le système de largage-trop-lol qui t’évitera peut-être de tester la résistance du capot de ta bagnolle), sens de l’équilibre et de la glisse sont les bienvenus.
Savoir nager, aussi, tiens.
Le décor
Elément indispensable : du vent (°luzerne, *sans plomb). Il en faut au moins 10 Nœuds pour naviguer dans des conditions à peu près correctes (comprendre : le cul hors de l’eau).
Bon, déjà, on va s’asseoir sur les lois de l’aérodynamique, les histoires de courants d’air chaud et froid qui se roulent des pelles, et cette boite de cassoulet qui lance des regards aguicheurs à ton ampoule rectale.
Voilà, on s’assoit dessus.
Plop (comme dirait l’autre).
Aïe.
Considérons donc que tu connais le principe du vent, ou du moins ses propriétés physiques pour le moins essoufflantes. En effet, tu l’auras de suite reconnu, il s’agit bien de ce connard capable de te foutre de la pisse plein tes pompes (transformant une courbe parabolique en une sinusoïdale, par un mécanisme complexe, laissons les scientifiques en débattre…) un soir de déchéance estudiantine, alors que tu cherches désespérément ta voiture depuis deux heures, ivre mort et la vessie jusqu’alors distendue par des litres de breuvages divers au vertus diurétiques assurément insoupçonnées, sur le parking de la Fac.
Ensuite, restons dans le domaine du liquide, il faut de l’eau. Beaucoup.
Là, je reconnais que les choses se compliquent certainement pour ceux qui croient que la Terre s’arrête de l’autre côté du Boulevard Périphérique (on sait qu’ils existent).En effet, cette étrange matière existe autrement que sous forme semi-liquide, avec plein de morceaux dedans et de couleur euh… sombre, qu’ils appellent La Seine.
Voilà, je sais que cette révélation risque d'être brutale pour certains, qu'ils m’en excusent. Cependant, remuons le couteau avec cette innocente illustration à gauche.
En grande quantité disais-je, mais si possible à l’horizontale, par mesure de confort principalement. On déconseillera par exemple de pratiquer la zone dite des « Niagara Falls ». Même avec un casque.
Bref, à partir du moment que ça souffle et qu’il y a un plan d’eau, on peut s'amuser.
Chéri, tu montes ?
Le fonctionnement de l’engin est enfantin, reprenant exactement le principe du cerf-volant, avec quatre lignes (*°ficelles) attachées non pas à des poignées mais à une barre : en tirant la barre vers soi de la main gauche, l’aile plonge à gauche, et inversement du côté droit.
Considérons le gusse qui tient la barre comme un point fixe, le vent dans le dos, l’aile évolue dans le quart de sphère qui lui fait face. Ce quart de sphère, c’est la « fenêtre de vent ».
Si l’aile est déjà bien en l’air et qu’on lâche la barre, elle grimpe toute seule et atteint le « zénith », point culminant de la fenêtre.
Si on tire modérément sur la barre d’un côté, l’aile partant du « zénith », elle va descendre le long du « bord de fenêtre », jusqu’au sol/la mer. Manœuvre générant peu de puissance, servant par exemple à poser son aile ou à marcher jusqu’au bord pour changer de planche si on a pété la sienne en se prenant une grosse pelle sur la caillasse…
Si on tire sur la barre de façon plus importante, l’aile va descendre en « milieu de fenêtre », exerçant alors une traction plus violente. C’est la zone de la fenêtre qui tire au cul et va te permettre de tenir fièrement sur ta planche, les cheveux (ou la barbe) au vent, si tu en as. Pour se diriger, il « suffit » de caler l’aile dans la demi fenêtre gauche ou droite, selon la direction souhaitée.
Une fois cette technique acquise, ainsi que quelques autres indispensables (gestion du border/choquer sur la barre, redécollage –gniiiiiii- de l’aile tombée dans l’eau, waterstart, sandstart…), on peut tirer ses premiers bords et profiter du paysage. Oui bon, à Dunkerque, le paysage…
Une fois arrivé jusque là (vivant), l’aventure est cependant loin d’être finie. Tu en as marre de la vie ? Tu as un pote radiologue qui poussera la mamie et son AVC encore chaud de la table du scanner pour t’éviter d’attendre ? Tu as une bonne mutuelle ? Tu veux impressionner le banc de morues en train de faire du topless sur la plage ? Tu as trois neurones ? Et bien sache que le kitesurf te permets aussi d’aller tirer les poils du cul d’Éole et de lui extraire quelques larmes, te vidant par la même occasion les surrénales :
Ca dépend, c’est combien ?
Là, on touche un point sensible. Sortez les calculettes.
Parce qu’il faut bien l’admettre, bien qu’il puisse être pratiqué par n’importe quel individu en bonne condition physique âgé de 10 à 75 ans, le kitesurf n’est pas un sport accessible à toutes et à tous.
Déjà, il est plus que vivement conseillé de prendre quelques cours. Ne serait-ce que pour apprendre à gonfler correctement une aile, monter les lignes, acquérir les bases du pilotages, gérer le vent… Y’a déjà eu des morts. Sous forme de stage de cinq jours (genre UCPA) ou de cours individuels, il faut en gros compter 250 € pour dix heures. Sans oublier la Licence, à prendre auprès de la FFVL – Fédération Française de Vol Libre (34€ cette année), les mutuelles ne couvrant pas ce genre de sport « aérien ».
Une fois que tu te sens prêt à te lancer, l’étape suivante, c’est l’achat du matos. L’addition, pour du matériel neuf, est salée comme une grosse vautre :
• Harnais : 150 €. Jusqu’ici tout va bien.
• Planche : 690 €. Oula.
• Aile complète, avec la barre et les lignes : 900 à 1700 € selon la marque/qualité/surface. Euh, Josiane, allez donc me chercher un seau d’eau, j’en ai un qui fait un malaise, là.
Sachant de plus qu’il vaut mieux avoir deux ailes de tailles différentes pour pouvoir naviguer dans toutes les conditions (sauf pétole, évidemment, si y’a pas de vent, bah y’a pas de vent) et que quand on fait 90 kg, il faut bien 2 m² de plus que le copain d’à côté qui en fait 70 kg à vent égal et même niveau. Si tu es galbé comme une crevette, ça te coûtera moins cher.
Auxquels on ajoute le divers, plus ou moins indispensable (lycra, chaussons, gilet, combi pour Dunkerque, anémomètre, sac de voyage…).
Heureusement, on trouve facilement du matériel d’occasion pour beaucoup moins cher, surtout pour les ailes. Y’a toujours des kékés qui se sentent obligés d’avoir le dernier modèle, et qui bradent celui de l’année précédente, parfois comme neuf (le spi encore « craquant », miam). D’autant plus qu’une première aile, on la fait claquer plus souvent dans la flotte, donc mieux vaut attendre d’avoir un niveau correct (et broyé la première) avant de se lancer dans l’achat d’une aile neuve.
Quant à l’achat d’une seconde aile, il pourrait un jour devenir obsolète, puisque la génération d’ailes 2006 dispose de plages d’utilisation beaucoup plus large que la précédente.
Question planche, on note un intérêt grandissant pour les formes « directionnelles », conçues pour aller chercher les vagues. Bah ouais, pourquoi se priver du plaisir de taquiner une bonne trentaine de lèvres d’affilée (hum) quand un surfeur en chie comme un russe pour en prendre cinq en une session ?
Mais bon, voilà, ça veut dire deux planches, une twin-tip (planche bi-directionnelle) pouvant faire l'affaire... Et accessoirement, c’est 80 € le supplément hors-gabarit par planche sur Air France.
Pour contourner ce racket, quelques marques proposent des sacs de voyage pour planche et aile en forme de sac de golf, avec "GOLF" écrit en gros dessus pour être sûr que le Môssieur de l'enregistrement comprenne, car leur transport est gratuit vers certaines destinations.
Quand on compare le poids d'un vrai sac de Golf (plein) et celui du matériel de Kite, on se dit qu'il y a vraiment des baffes qui se perdent...
Voilà, le compte en banque est mis à rude épreuve, et on comprend pourquoi la moyenne d’âge des pratiquants est certainement plus élevée que celle des autres sports de glisse (et l’ambiance meilleure, tiens). Franchement, c’est pas plus mal...
Et sinon, c’est fnu ?
Une courbe de progression rapide, des sensations uniques de glisse/vitesse/vol, cet étonnant mélange mentionné au début (planche à voile, wakeboard, surf…), la mer, le vent… le kitesurf est une perle rare.
Et même si c’est un sport plus agréable à pratiquer en République Dominicaine, en Guadeloupe ou à l’île Maurice, les endroits où il se pratique en métropole ne manquent pas. Sinon, y’a l’Espagne, le Portugal et le Maroc, pas loin, pas cher.
Quant à ceux qui n’ont pas la mer à proximité, le principe du kite s’adapte également au powerkite et au snowkite, qui se pratiquent respectivement sur sol dur (en buggy ou en planche, avec des roues tout-terrain) ou sur la neige (en snowboard ou en ski, selon les goûts), avec des ailes « à caissons », qui ne sont pas tout à fait identiques à celles utilisées sur l’eau. Les protections sont indispensables, et les mesures de sécurités doivent être respectées à la lettre : remontées mécaniques, connards de skieurs, pylônes EDF, blaireaux de snowboardeurs, voitures, restaurant d’altitude, dahu… tout est bon à se manger pour faire un tour en hélico, coquillé, avec ces branleurs du SAMU.
Powerkite, version planche (1ère photo) et version buggy (2ème photo), Snowkite version connards (3ème photo) et version blaireaux (4ème photo).
Points positifs :
+ Navigation, freestyle, waveriding, powerkite, snowkite... il y en a pour tous les goûts, tous les terrains.
+ Les sensations vraiment uniques.
+ La facilité d'apprentissage.
+ Le décor. Enfin, ça dépend où... Les plages du Nord, bof.
Points négatifs :
- Onéreux (2000 € de budget en moyenne, rien que pour le matériel).
- Dangereux, mais de moins en moins avec le matériel récent.
Sources de l'article
http://linuxfr.org/
ou pas
Compléments de l'article
Le site du tout jeune Comité National Kite, branche de la FFVL.
Flysurf.com, un des sites de "référence" en langue française. Avec des tests de matériel, des reportages, une boutique online très sérieuse et plutôt bien fournie, mais un forum inintéressant plein de kikoololeurs tous plus entartrés les uns que les autres…
F.One, une excellente marque française.
North, une marque américaine.
Best, pour les « petits » budgets.
WindGURU.cz, pour connaître les conditions de navigation de la semaine à venir. Sinon, dans le même genre en moins bien, Windfinder.
Tim Mc Kenna, un des meilleurs photographes au monde en matière de glisse, très beau site.
Christoph Maderer, un autre photographe talentueux, qui aime jouer avec la lumière.
Condorman !